L'innovation, l'ADN du SEDIF
Les moteurs d’innovation sont nombreux pour le SEDIF : attentes des usagers à satisfaire, exploitation des données acquises en nombre et en continu, nouvelles approches de modélisation, bio-essais, matériaux plus performants, techniques de travaux, d’auscultation ou de surveillance etc.
Par le biais de partenariats ou de conventions de recherche et développement, mais aussi en promouvant les nouveaux outils du numérique comme le BIM ou les variantes dans la réalisation de ses chantiers, le SEDIF contribue à faire émerger des solutions d’avenir au bénéfice de ses usagers et bien au-delà de son territoire.
Objectif Smart SEDIF
Le plan pluriannuel d’investissement 2022-2031 repose sur la volonté du SEDIF de développer sa vision Smart du service, c’est-à-dire sa capacité à utiliser les nombreuses données issues des nouvelles technologies de l’information et de la communication, afin de gérer et optimiser en continu le service et de le rendre plus agile.
Afin d’adapter et de développer le système d’information (SI) du service public de l’eau en fonction des besoins futurs, des évolutions technologiques et des enjeux réglementaires, les opérations prévues sont entre autres :
- le déploiement du BIM (Building Information Modeling) pour la gestion intégrée de tous les ouvrages du SEDIF pendant tout leur cycle de vie ;
- le passage du SIG en classe A (conduites & branchements) et le développement de la réalité augmentée (3D) ;
- le développement de l’open data afin de rendre accessibles les données publiques du service de l’eau dans le respect de leur nature ;
- la refonte des outils de gestion à destination de tous les types de consommateurs (portail web et mobile, outils d’analyse et d’exploitation des informations) et le développement d’une relation citoyenne large (politique digitale du SEDIF, refonte des outils de communication) ;
- la refonte des systèmes de conduite des installations et des unités avec le renouvellement et la standardisation de l’ensemble du parc des 600 automates et le développement du jumeau numérique des installations.
L'activité R&D
Pour offrir à ses usagers une eau de qualité toujours irréprochable au meilleur coût, le SEDIF fait constamment évoluer son patrimoine industriel en utilisant des technologies innovantes. Il consacre à la recherche et développement – connu sous le sigle de R&D – entre 0.5 % du budget consolidé du service public de l’eau. En 2022, cela représente une enveloppe de près de 2,7 millions d’euros.
L’activité de R&D comprend :
- des études et le développement d’outils d’aide à la décision lancés par le SEDIF faisant appel aux compétences de laboratoires d’universités, d’organismes de recherche, ou de bureaux d’études spécialisés ;
- des études réalisées par le délégataire du SEDIF, sous son pilotage.
Les 3 centres d’essais des usines de Choisy-le-Roi, Méry-sur-Oise et Neuilly-sur-Marne sont mis à disposition des équipes de l’opérateur pour la réalisation de ce programme d’études et de recherches.
Il s’articule autour de 4 axes majeurs :
- la maitrise du risque sanitaire
- le traitement de l’eau
- l’amélioration de la détection
- l’exploitation du réseau du SEDIF
La maîtrise du risque sanitaire passe toujours par une meilleure connaissance des dangers présents dans les ressources et l’évaluation des performances des installations de production et de traitement pour les éliminer, les réduire ou les maîtriser. Concrètement, cela se traduit par le suivi de micro-organismes et de micropolluants potentiellement présents dans les ressources et la surveillance de nouveaux paramètres inscrits dans les règlementations sanitaire et environnementale. Ces données constituent un pilier de l’évaluation des risques sanitaires, constamment mise à jour pour les installations du SEDIF.
Dans la même optique, le Syndicat poursuit en 2022 son partenariat avec le PIREN-Seine pour mieux comprendre les impacts des évolutions des activités humaines et du changement climatique sur les milieux aquatiques du bassin de la Seine et notamment pour la quantité et la qualité de l’eau.
Le suivi de la qualité de l'eau
Sur la question des microplastiques – au cœur de l’actualité ces derniers mois - le SEDIF a lancé une étude avec l’Université Paris-Est Créteil (UPEC) pour évaluer si les particules de microplastiques mesurées dans les ressources sont présentes dans ses eaux produites, et apprécier les performances des filières.
Les bouées SWARM, bouées autonomes et communicantes permettant de suivre plusieurs paramètres de la qualité de l’eau, expérimentées en 2018, vont faire l’objet d’un redéploiement en 2022 afin de réaliser un suivi de certains points sensibles.
Le 2ème axe majeur de la R&D est la traitabilité. Ainsi, dans le cadre de l’opération de rénovation des filtres à sable de l’usine de Choisy-le-Roi, les performances d’un nouveau matériau filtrant, « la Filtralite® », constitué d’argile expansée en lieu et place du matériau filtrant classique qu'est le sable, sont actuellement en phase de test sur un filtre pilote.
Le 3ème axe ambitionne d’améliorer la détection de certaines bactéries. En effet, dans l’optique d’une distribution d’eau sans chlore, il est primordial de disposer d’outils capables d’anticiper toute dégradation de la qualité de l’eau. De nouveaux appareils vont être testés cette année. Par ailleurs, le SEDIF a déjà consacré de nombreuses études à la matière organique car c’est un paramètre clé pour le pilotage des installations de production d’eau potable. C’est une des variables qui conditionnent le développement bactérien, et certaines techniques analytiques restent à affiner.
Enfin, le dernier item de la R&D intègre l’exploitation du réseau et de sa performance, définie selon trois critères :
- la limitation des pertes pour maintenir le taux de rendement du SEDIF, égal à 90,4% en 2021, à un niveau élevé ;
- la limitation des interruptions dues aux casses ;
- la maîtrise de la qualité de l’eau distribuée.
Les nouveaux outils numériques et les algorithmes, qui permettent de développer des outils d’aide à l’exploitation et à la décision, sont au cœur des nouveaux projets de développement et de tests, qui, couplés à de la modélisation, participent à l’optimisation de l’exploitation et permettent de mieux anticiper les conséquences d’événements exceptionnels (pollutions, crues, sècheresse…).
Parmi les projets terminés et/ou en cours :
- le déploiement de la télérelève pour suivre la consommation des usagers,
- l’opération de maintenance prédictive du réseau du SEDIF au mètre près, sans interrompre la distribution d’eau grâce aux technologies PipeDiver® et SmartBall®, développées par Pure Technologies, entreprise du Groupe Xylem. Cette expérimentation était une première en France.
Lire la transcription
Une première en France : le SEDIF réalise un diagnostic de son réseau sans coupure d'eau, avec Xylem (diagnostic structurel d’une conduite de transport DN 600 mm)
A l’écran
Retour sur ce diagnostic novateur. La canalisation inspectée se situe dans l’est du territoire du SEDIF entre Livry Gargan et Gagny, d’une longueur de 4 km et d’un diamètre de 600 mm.
Prise de parole de Delphine Alrivie, chargée des outils techniques d’études au service Gestion du patrimoine et schémas directeurs du SEDIF.
Cette opération est en lien avec la gestion patrimoniale des réseaux qui est un enjeu majeur pour le SEDIF, qui souhaite optimiser continuellement ses pratiques dans le domaine. Pour améliorer toujours plus la gestion de ce patrimoine conséquent, le SEDIF a souhaité mettre en œuvre une technique de diagnostic innovante, et en particulier la technique des inspections par le PipeDiver® qui a été mise en œuvre pour la première fois en France dans le cadre de cette opération.
Le caractère innovant de cette technique résidait dans le fait qu'on peut dérouler l'inspection, sans avoir à couper l'eau.
Première étape : la préparation
A l’écran
Deux accès ont été préparés, au début et à la fin du tronçon à inspecter. Ils vont permettre d’insérer et d’extraire les outils de diagnostic. Il faut également prélever un morceau de conduite pour pouvoir procéder à la calibration. Une opération délicate, car l’échantillon mesure 8 mètres de longueur. Une fois l’extraction réalisée, un équivalent neuf est installé en remplacement ainsi qu’un point d’accès spécifique, pour la suite des opérations. C’est le seul moment où une coupure d’eau est nécessaire, pendant quelques heures seulement.
Deuxième étape : la calibration
A l’écran
L’échantillon de canalisation est soumis à une batterie de tests qui vont servir de référence pour les prochaines opérations. La partie cimentée de la conduite est préalablement enlevée pour arriver jusqu’aux brins métalliques.
Prise de parole de Yann Ezan, Business Development Manager Assessment Services chez Xylem Water Solutions France
Là, on est en train de faire passer le PipeDiver® à l'intérieur de la canalisation, pour simuler son passage comme il va le faire dans la partie inspection. Au fur à mesure de ce passage, on va couper des brins métalliques pour simuler des ruptures de brins. Ces ruptures de brins vont pouvoir nous indiquer directement si oui ou non il y a des problématiques de structure. Cette copie numérique que l'on fait là va nous permettre, une fois l'inspection réalisée sur la canalisation en fonctionnement, d’être capable d'établir si on rencontre une rupture de brin, deux ruptures de brin, ou plus, et d’être capable ensuite de prédire la durée de vie restante de la canalisation.
Troisième étape : l’inspection avec une SmartBall®
A l’écran
Cette petite sphère, de la taille d’une balle de tennis, est équipée de nombreux capteurs. Elle va être envoyée à l’intérieur de la canalisation pour y repérer, grâce à l’acoustique, des fuites ou des poches d’air.
Prise de parole de Yann Ezan, Business Development Manager Assessment Services chez Xylem Water Solutions France
A l'intérieur, vous avez des gyroscopes, des accéléromètres. Vous avez également un hydrophone qui lui est là pour entendre les fuites, comme un micro. Vous avez également un capteur de température et un capteur électromagnétique, qui lui va également être capable de repérer sur la canalisation, éventuellement, les jointures ou éventuellement les autres connexions qui pourrait être faite sur la canalisation.
A l’écran
La SmartBall® est soigneusement enveloppée d’une enveloppe de mousse qui va la protéger durant son parcours. Elle suit simplement le cours de l’eau et enregistre en continu l’activité acoustique. Son déplacement est suivi en permanence grâce à un système exclusif : des récepteurs acoustiques connectés à des capteurs placés en surface et installés en différents points de trajet. Lorsque la SmartBall® arrive à son point d’extraction, un filet permet de la récupérer et la remonter à la surface. Il lui aura fallu trois heures environ pour parcourir les 4 km de canalisation.
Prise de parole de Delphine Alrivie, chargée des outils techniques d’études au service Gestion du patrimoine et schémas directeurs du SEDIF.
Cela se déroule de manière complètement transparente pour la distribution de l'eau, alors que d'habitude il n’y a pas d'inspection et on décide du renouvellement des canalisations sur des longueurs assez conséquentes qui peuvent être de l'ordre du kilomètre, sans distinction sur l'état de la canalisation sur cette distance-là. Les résultats qu'on attend de cette opération sont des localisations précises des endroits ou des tronçons qui méritent réellement d'être renouvelés plutôt que de renouveler sans distinction sur l'ensemble du linéaire.
Dernière étape : l’inspection avec le PipeDiver®
A l’écran
Cette technologie électromagnétique va permettre de prédire la durée de vie de la canalisation. Le PipeDiver® est un appareil de flottaison neutre, véhiculé par débit d’eau. Là encore, l’alimentation en eau n’a pas besoin d’être coupée. Des capteurs en surface permettent de suivre l’avancée de l’appareil dans la canalisation. A l’intérieur, le PipeDiver® enregistre les données sur l’état des composants structurants du tuyau.
Prise de parole de Delphine Alrivie, chargée des outils techniques d’études au service Gestion du patrimoine et schémas directeurs du SEDIF.
Les suites de cette opération vont décliner en deux temps à la fois à l'échelle de la canalisation pour cibler les renouvellements et donc déterminer à quel endroit il faudra qu'on renouvelle les tronçons les plus critiques ; et dans un deuxième temps, à l'échelle du SEDIF, une possible reproductibilité sur le patrimoine des canalisations de transport.
- la poursuite de la sectorisation du réseau, sous maîtrise d’ouvrage publique du SEDIF,
- le lancement d’études de gestion patrimoniale réseau dont le projet mené avec la société ALTEREO qui développe, à partir de données patrimoniales intégrant les conduites et branchements, un outil combinant des algorithmes et des méthodes de « fouilles de données », conduisant à définir des familles de canalisations à comportement à risques, qui pourraient être utilisées pour établir les programmes de renouvellement de conduites de distribution.
- la convention de recherche avec Suez Eau France pour l’étude de l’optimisation du plan de déploiement de capteurs de pression à haute fréquence pour les réseaux d’eau. L’analyse des données acquises sur 60 sites expérimentaux répartis sur 10 communes du territoire doit permettre d’évaluer l’impact des variations de pression sur l’état des conduites et d’optimiser les investissements pour collecter les informations utiles aux objectifs poursuivis (gestion patrimoniale, surveillance du réseau, amélioration de la performance).
Le comité d'experts sur l'eau sans chlore
La distribution d’une eau sans chlore est une démarche novatrice en France ! Pour relever ce défi, le SEDIF a mis en place un comité d’experts « Eau sans chlore » regroupant des universitaires français et étrangers, des maîtres d’ouvrages pratiquant l’eau sans chlore (Grenoble et Waternet aux Pays-Bas) et des institutionnels français (DGS, ARS, AESN). Le rôle de ce comité repose sur le partage des connaissances et des expériences pour définir les conditions nécessaires à la distribution d’une eau sans chlore. La dernière réunion a été organisée en novembre 2021, au siège du SEDIF.
La rencontre a permis de proposer les bases d’une méthodologie pour la détermination des zones les plus sensibles du réseau de distribution en termes de risque de contamination, mais aussi pour l’élaboration de programmes de surveillance de la qualité bactériologique de l’eau, à intégrer dans un système d’alerte. Les experts ont également donné leur avis sur les programmes d’essais et de recherche en cours de réflexion au SEDIF, qui leur ont été présentés.
Le comité d'experts sur les micropolluants
Le 15 juin 2023 s’est tenu en visioconférence le premier atelier d’un groupe de travail dédié aux micropolluants. Constitué d’une vingtaine d’acteurs publics de l’eau, de l’assainissement et des milieux aquatiques, les réflexions de ce groupe de travail porteront sur la métrologie, les actions de prévention, les traitements, les études toxicologiques sur les milieux, les organismes et la santé humaine avec un objectif de partage de connaissances et d’expériences. Ce groupe se réunira à minima 2 fois par an.
La ressource en eau est vulnérable vis-à-vis de diverses sources de pollutions industrielles, agricoles ou domestiques qui impactent sa qualité. Ainsi, sous l’effet de l’activité humaine, les cours d’eau et nappes phréatiques contiennent un certain nombre de micropolluants (pesticides et leurs métabolites, résidus médicamenteux, perfluorés, micro & nanoplastiques) et substances jugées pertinentes par l’ANSES.
Dans le cadre du contrôle sanitaire et de l’autosurveillance, le SEDIF réalise environ 400 000 analyses réglementaires par an. En complément, depuis 20 ans, au titre de son programme de recherche & développement (R&D), plus de 200 contaminants ont été recherchés dans la ressource mais aussi dans l’eau produite par les usines du SEDIF afin d’étudier l’efficacité des filières existantes.
Le SEDIF, soucieux de la santé de ses usagers, réalise régulièrement des campagnes d’analyses sur des "substances d’intérêt" pour rechercher la présence, dans la ressource en eau, de molécules qui ne sont pas (encore) réglementées. C’est dans ce cadre qu’il a réalisé en 2022 une campagne d’analyses du chlorothalonil et de ses métabolites d’une part, et de 52 molécules de la famille des PFAS (incluant les 20 composés considérés comme préoccupants) d’autre part. Les antidiabétiques, perchlorates et contaminants en lien avec la crise sanitaire (paracétamol, antidépresseurs, …) sont également suivis.
Pour 2023, ce suivi se poursuit et est complété par des campagnes mensuelles sur 48 autres pesticides, dont les métabolites de la chloridazone par exemple. Les micropolluants sont donc plus que jamais au cœur des préoccupations environnementales et sanitaires.
Le ServO, un centre de pilotage intégré de dernière génération
En exploitant en temps réel les très nombreuses données du service, depuis la ressource en eau et les usines de production jusqu’au réseau équipé de capteurs et de débitmètres en passant par la télérelève des compteurs et les informations fournies par les usagers du service, le ServO constitue l’outil de pilotage intégré du service.
Ses fonctionnalités permettent de répondre aux enjeux :
- de performances environnementales ;
- de sécurité d’alimentation ;
- d’informations et d’alertes des usagers en cas de dégradation de service ;
- d’optimisation de la gestion patrimoniale.
Surveiller la qualité d’eau en réseau, prévenir les dysfonctionnements des équipements, optimiser les stratégies d’exploitation dans un souci de minimiser les impacts sur l’environnement en privilégiant les scénarios les moins énergivores, et alerter les usagers via le multicanal, en cas de dégradation du service (coupure d’eau…) sont les fonctions principales développées en réponse à ces enjeux.
Les investissements portés par le SEDIF sur le réseau pour un meilleur suivi des flux par le biais d’une sectorisation et le calcul en continu des rendements par réseau et secteur complètent ce panel de services.