Polluants éternels et eau potable : le cas de l'acide trifluoroacétique (TFA)

Dernière mise à jour :  mardi 28 janvier 2025

Deux campagnes distinctes menées par le laboratoire Eurofins et les associations UFC-Que choisir et Générations futures révèlent des concentrations élevées en acide trifluoroacétique (TFA), un polluant éternel. On fait le point.

La recherche systématique des polluants éternels - connus sous l'appellation "PFAS" - sera intégrée au contrôle sanitaire des eaux destinées à la consommation humaine par les Agences Régionales de Santé (ARS) à partir du 1er janvier 2026 en application de la dernière Directive européenne en matière d’eau potable.

Par anticipation à la Directive, le Syndicat des Eaux d'Ile-de-France (SEDIF) surveille les PFAS dans l’eau produite depuis une dizaine d’années et en trouve régulièrement quelques-uns avec des teneurs bien inférieures au seuil réglementaire de 0,1 microgramme/litre.

Le sujet spécifique du TFA, un PFAS à chaine ultra-courte

Le TFA (acide trifluoroacétique) est un produit de dégradation de composés chimiques, pouvant être assimilé à un PFAS à chaîne courte. Il ne fait cependant pas partie de la somme des 20 PFAS réglementés auxquels s'applique le seuil de 0,1 microgramme/litre. Il ne fait donc à ce jour l'objet d'aucun seuil réglementaire. 

Cette molécule est cependant suivie par les autorités sanitaires et par les distributeurs d'eau, en particulier le SEDIF. Le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) s'est prononcé fin 2024 en préconisant pour le TFA, dans l'attente des travaux d'évaluation sanitaire en cours, une valeur sanitaire indicative provisoire de 60 microgrammes/litres dans l'eau produite

Les valeurs mesurées en sortie des usines de production du SEDIF sont autour de 2 microgrammes/litre, soit 30 fois moins que la valeur indicative définie par l'autorité sanitaire. On peut noter que les filières conventionnelles de traitement sont peu efficaces sur cette molécule alors que la filière de l'usine de Méry-sur-Oise, équipée de membranes de nanofiltration depuis 1999, montre un abattement de 60 à 75 %.

Ces données montrent tout l'intérêt du projet "Vers une eau pure" : il s'agit d'équiper d'ici 2030-2032 les autres usines du SEDIF d'un traitement membranaire haute performance (avec notamment des membranes d'osmose inverse basse pression (OIBP), très efficaces sur tous les PFAS, y compris le TFA, avec un taux d'abattement de plus de 90 %), pour préserver la santé de nos usagers.

Par ailleurs, le Syndicat adapte régulièrement son programme de suivi analytique et renforce sa surveillance des micropolluants. Enfin, en fonction des résultats des études de toxicité en cours, nombre de ces micropolluants seront ou non intégrés au Code de la santé publique. 

La potabilité est assurée

Il n’y a donc pas de sujet quant à la conformité à la réglementation ni quant à la qualité des eaux distribuées par le SEDIF dont la potabilité est assurée.
 
Pour autant, le souci d'offrir une eau qui répond aux meilleurs critères de qualité que la science permet d'atteindre ne peut que conforter le SEDIF dans sa volonté d'équiper toutes ses usines de filières membranaires haute performance et de la technique d’OIBP.
 

Les membranes de Méry-sur-Oise, installées depuis 1999.